FARM – Productivité agricole : un demi-siècle dans le rétroviseur. Et demain ?

« Productivité agricole : un demi-siècle dans le rétroviseur. Et demain ? », article publié sur le blog FARM (Fondation pour l’Agriculture et la ruralité dans le Monde) le 15/10/2019.

Productivité agricole : un demi-siècle dans le rétroviseur. Et demain ?

Par Jean-Christophe Debar, directeur de FARM

Un déluge de chiffres : les données récemment mises en ligne par le département américain de l’Agriculture (USDA) [1] livrent un constat implacable. Depuis le début des années 1960, la valeur de la production agricole par hectare en Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud) a augmenté environ quatre fois moins vite que dans les pays asiatiques en développement (+ 72 % contre + 301 %) et deux fois moins vite qu’en Amérique latine. La comparaison est d’autant plus significative que cette valeur est exprimée en dollars constants et en parité de pouvoir d’achat. Comme, en outre, la surface disponible par actif agricole a diminué en Afrique, tandis qu’elle progressait dans les deux autres régions, la production par actif agricole au sud du Sahara n’a crû que de 43 %, soit près de huit fois moins rapidement que dans l’Asie en développement et six fois moins vite qu’en Amérique latine. En conséquence, sur la période 2012-16, un travailleur agricole en Afrique subsaharienne a produit en moyenne deux fois moins, en valeur, que son homologue asiatique et neuf fois moins que son équivalent latino-américain (tableau).

Certes, la comparaison ne dit rien de l’évolution relative des revenus agricoles dans les différentes régions, car la production par actif ne tient pas compte du coût des intrants et des équipements agricoles, beaucoup plus utilisés en Asie et en Amérique latine qu’en Afrique. Cependant, selon la Banque mondiale, les écarts de valeur ajoutée brute par actif – indicateur qui intègre les consommations intermédiaires – sont considérables entre les trois régions [2]. En outre, la croissance de la production agricole s’est faite au prix d’une forte pression sur l’environnement, via un épandage massif d’engrais et de produits phytosanitaires et une déforestation pour le moins problématique.

Les données rétrospectives de l’USDA conduisent à s’interroger sur les trajectoires futures de développement agricole. Si, toutes choses égales par ailleurs, la valeur de la production par actif agricole en Afrique subsaharienne augmente, d’ici à 2050, au même rythme que dans les trente dernières années (+ 40 % au total), elle atteindra à peine 1 200 euros, soit un niveau inférieur d’un tiers à celui enregistré aujourd’hui dans les pays asiatiques en développement. A ce rythme, l’écart de revenu se sera sans doute encore creusé entre urbains et ruraux et l’extrême pauvreté sera loin d’être éradiquée, contrairement à l’objectif fixé pour… 2030 par les Objectifs de développement durable. L’accroissement de la productivité doit donc s’accélérer : formidable défi puisqu’il s’agit à la fois d’élaborer les connaissances et de diffuser les techniques et les moyens de production qui permettront aux petits agriculteurs africains d’améliorer leurs revenus dans des conditions écologiquement acceptables, tout en fournissant des denrées à un coût abordable pour les consommateurs. Défi politique aussi, car il incombe aux Etats du continent, structurellement impécunieux, d’accompagner cette transition dont la dimension sécuritaire et géopolitique apparaît chaque jour davantage. 

L’analyse par FREECOLD

La productivité agricole en Afrique n’est que la partie émergée du problème. Évidemment, augmenter le volume de production à l’hectare est nécessaire, et apprendre à le faire tout en respectant la nature et l’humain est un enjeu crucial pour les prochaines années.

Cependant, l’autre problème majeur de l’agriculture en Afrique subsaharienne est la perte de récoltes entre le champ et l’assiette due notamment au manque d’infrastructures de réfrigération.

Le marché de Sikasso (Mali) [3]

Dans une région du monde où, en 2016, seule 38% de la population a accès à un réseau électrique (à peine 22% en moyenne dans les zones rurales ! [4]), réseau qui plus est souvent peu fiable et cher, vendre ses produits est souvent une course contre la montre, … ou plutôt contre la moisissure.

C’est ainsi qu’aujourd’hui encore, les pertes post-récolte en Afrique représentent en moyenne 37% des végétaux récoltés, et souvent près de 50% pour les tomates et les oignons par exemple. De plus, au-delà même des pertes quantitatives, les pertes de qualité notamment en terme de valeur nutritionnelle et de goût sont très répandues. Prises ensemble, ces pertes contribuent à un manque à gagner majeur pour les paysans africains : 48 milliards de dollars, soit l’équivalent du PIB 2017 du Ghana ! [5]

Dans ces conditions, difficile de penser à augmenter la production, si c’est pour la voir pourrir avant qu’elle soit vendue.

Face à ce défi, FREECOLD propose des solutions d’accès à la réfrigération hors réseau qui sont simples, robustes et adaptées au climat africain.

Nos chambres froides solaires permettent ainsi de stocker entre 200 kg et plusieurs tonnes de denrées par jour, préservant la fraîcheur des fruits et légumes, viandes et poissons le temps de leur trouver un acheteur.

Pour les plus petits volumes ou la vente locale ambulante, nos réfrigérateurs et congélateurs solaires s’adaptent à tous les besoins tant domestiques que professionnels.

Préserver la qualité des récoltes grâce à la réfrigération solaire est ainsi un excellent moyen pour garantir à la fois sécurité alimentaire et développement économique en Afrique subsaharienne.

Les défis rencontrés par l’agriculture africaine sont ainsi autant d’opportunités à saisir pour développer la sécurité alimentaire, l’accès à l’énergie dans les zones rurales, et plus largement pour combattre la pauvreté et les inégalités qui sévissent dans cette région. Les solutions de réfrigération solaire FREECOLD ont un rôle à jouer pour favoriser ces améliorations.


Sources

[1] https://www.ers.usda.gov/data-products/international-agricultural-productivity/

[2] En 2018, la valeur ajoutée brute par actif dans le secteur « agriculture, forêt, pêche » était en moyenne de 1 594 dollars en Afrique subsaharienne, 3 510 dollars en Asie de l’Est (hors pays à haut revenu) et 7 189 dollars en Amérique latine. La VAB par actif agricole en Asie du Sud (1 591 dollars) est identique à celle observée en Afrique subsaharienne (toutes ces valeurs sont exprimées en dollars 2010). (https://www.fondation-farm.org/zoe.php?s=blogfarm )

[3] https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Sikasso_marche_tomat_2008.jpg

[4] https://www.banquemondiale.org/fr/region/afr/publication/boosting-access-to-electricity-in-africa-through-innovation-better-regulation

[5] https://zoomagro.com/index.php/2019/02/25/au-nigeria-50-de-la-production-de-fruits-est-perdue/